Jacques et Robert Frélaut à la presse
Recherches de supports, nouvelles expériences techniques…. thèmes et idées… abstraction ?
Par la suite j’ai repris cette gravure, mais sur un mode très différent en essayant de faire comme avec un crayon, mais je creusais d’une pointe une matière qui n’était plus ni le zinc, ni le cuivre, trop dur, mais le "verre biologique", une sorte de plastique. Je gravais debout, "sur le motif", ou bien appuyé contre un arbre ou assis sur une pierre, comme au crayon sur un carnet, car cette matière plastique se creuse facilement comme du celluloïd.
J’ai fait en effet, des quantités de petites églises dans la région des Charentes, dans les Landes, en Espagne, si je ne me trompe pas, petites gravures évidemment très simples que je tirais moi-même sur la grande presse que j’avais à ce moment–là achetée. Je tirais habituellement en couleur sanguine ou bistre, mais le tirage était très faible, car après dix passages à la presse, le verre biologique se craquelait et la plaque était fichue.
J’ai abandonné cette technique plaisante, mais fragile ; j’ai donc repris mes plaques de cuivre avec l’intention de faire un travail complet comportant d’une part des textes, d’autre part, des gravures adaptées à chacun de ces textes exprimant ainsi par ces réflexions et par le dessin, ce que je souhaitais. L’ensemble de ces créations a été montré et présenté sous jaquette contenant textes et gravures.
- Vous parlez beaucoup de la gravure, mais peu de la peinture à l’huile, de l’aquarelle, du dessin…
- C’est que nous parlons avec Robert Frélaut, et Robert est un taille-doucier qui m’a initié à la gravure. On peut remonter plus haut bien entendu, car comme tout un chacun, je suis parti naturellement dans le dessin, puis dans l’aquarelle et la peinture à l’huile pendant des années, la gravure ne venant ainsi que beaucoup plus tard.
- Y a-t-il une unité dans ce qu’on peut appeler votre œuvre ? Dessin, aquarelles, huile gravures, etc…
- Oui et non : je ne peux rien faire si je n’ai pas une idée qui va me soutenir pendant quelques mois et qui va me conduire à utiliser telle ou telle technique plutôt que telle autre. Si je n’ai pas d’idée, je ne peux rien faire. Or ces idées qui me commandent sont très diverses et je sens bien que chacune d’elle me conduit à faire plutôt de l’aquarelle, ou plutôt de la peinture à l’huile, etc…
D’une façon générale, le dessin sert tout de même de base à l’aquarelle sur de petits formats de 21 cm, sur papier d’Arches de 250 g, de maniement plus facile pour faire au moins des tentatives.
Ce qui retient presque toujours mon attention, ce sont les réalités humaines, la réalité des choses de la nature dans leur diversité, en France, en Espagne, etc. En ce sens, chaque voyage, chaque "micro-tourisme", chaque ballade, fait naître une idée et me conduit à réaliser un monde homogène, un ensemble : églises romanes de la Charente, grands espaces de l’Aragon, etc.
Les idées abstraites, les réflexions philosophiques ne me nourrissent pas vraiment tandis que les choses les plus simples, un pot solitaire par exemple, devient en quelque sorte une "pseudo-abstraction" … Il peut en cela me conduire à certaines images, à la rédaction de certains textes "intériorisés", un peu spiritualisés, presque mystiques, si j’osedire.
Ainsi récemment, j’ai mis en chantier ce livre auquel vous avez collaboré "Châteaux de l’Âme", où une dizaine de gravures apportent en même temps l’obscurité de la nuit pour certaines, la lumière du jour ou du ciel pour d’autres, le Mystère, toujours…
…Non, ce ne sont pas des abstractions, mais plutôt des "réalitésdépouillées", : c’est en effet pour moi une tentation toujours de dépouiller au maximum la réalité.
A suivre